la Bretagne indépendante

La Bretagne indépendante mourra de faim !

de Erwann PEÑSEC

La Bretagne indépendante mourrait de faim en cas d’indépendance ?

Aussi étonnant que cela puisse paraître, cet argument est souvent formulé par les opposants à l’indépendance bretonne, parfois avec légèreté, parfois avec sérieux. Pourtant, il s’agit là d’une idée des plus simples à pourfendre, la réalité chiffrée démontrant l’exact inverse.
Et nous allons le prouver.

Dans l’Hexagone, la région Bretagne administrative s’impose comme la première région agroalimentaire (elle détiendrait même ce titre à l’échelle de l’Europe), tant en matière d’emploi que de chiffre d’affaires.

crise
Élevage de volailles en Bretagne


Elle occupe la première place dans des secteurs stratégiques : la production animale (58% du tonnage national de viande porcine, 42% du volume d’œufs, 32% de la volaille, 23% du lait, 20% de la viande de veau). Également pour la pêche avec plus de la moitié du tonnage hexagonal et première région en surfaces conchylicoles. Elle se hisse également en troisième place pour la culture maraichère dont 63% des artichauts, 69% des échalotes, 79% des choux-fleurs, et même 26% des tomates.

Avec plus de 26 000 exploitations agricoles (record parmi les régions de l’Hexagone), 59% du territoire breton sont consacrés à l’agriculture, contre un taux moyen de 49% en France.
Selon le site de la région lui-même, la Bretagne administrative est ainsi capable de nourrir vingt millions de consommateurs, alors qu’elle ne compte que 3,4 millions d’habitants (4,8 millions pour la Bretagne entière).

Carte de Bretagne
Ne pas (faire semblant de) confondre la Bretagne et la « région Bretagne administrative »

Notre terre s’avère largement excédentaire et évoquer une potentielle famine en cas d’indépendance est donc un non-sens.


D’ailleurs, il est intéressant de noter que, au cours de son Histoire, la Bretagne a toujours été relativement épargnée par ce fléau. Ainsi, lors de la grande famine de 1709, qui a causé la mort de quelque 600 000 personnes en France, la Bretagne, grâce à son climat et ses voies d’approvisionnement maritimes, s’est montrée particulièrement résiliente.

Par conséquent, ironiquement, l’on comprend que si une famine devait éclater en cas de prise d’indépendance de la Bretagne, elle ne se manifesterait pas sur le territoire de cette dernière, mais bien en France, qui perdrait alors une part cruciale de sa puissance agricole.
Néanmoins, contrairement à nos opposants, nous n’irons pas jusqu’à envisager sérieusement un tel scénario, l’indépendance de la Bretagne n’impliquant pas nécessairement un arrêt total des échanges commerciaux avec notre voisin français.

La Bretagne indépendante mourra de faim !



La Bretagne indépendante : pour autant, la situation est-elle si rassurante ?

En réalité, pas tant que cela, le secteur nourricier breton apparaissant aujourd’hui confronté à de nombreux défis.
Tout d’abord, si 700 jeunes agriculteurs lancent chaque année leur activité en Bretagne, le renouvellement des générations est loin d’être assuré. En effet, en moyenne, il y a seulement une installation pour trois départs. Or, près de la moitié des agriculteurs bretons va partir en retraite dans les dix prochaines années.

Ensuite, cette prépondérance de l’agriculture en Bretagne ne se fait pas sans impacts négatifs sur l’environnement : pollution des sols et de l’eau, artificialisation des terres (rappelons tout de même que la mosaïque de champs que nous voyons aujourd’hui sur notre territoire était autrefois recouverte de vastes forêts et que nos campagnes sont donc loin d’être « naturelles »),… Ce modèle agricole intensif, qui a certes permis l’essor économique de la Bretagne au siècle dernier, nécessite donc d’être réinventé afin de pouvoir s’inscrire dans une production durable.

Autre secteur à l’avenir incertain : la pêche.

En raison du Brexit (qui a conduit à des restrictions sur les zones où les marins peuvent exercer), de la hausse des prix des carburants, ou encore de décisions parisiennes déconnectées, cette activité, d’une importance majeure pour la Bretagne (qui regroupe un tiers du littoral français), se retrouve aujourd’hui grandement menacée.

En conclusion, si la Bretagne ne risque aucunement de voir sa population mourir affamée en cas de prise d’indépendance, se dressent actuellement devant elle de colossaux défis, qu’il lui faudra surmonter afin de ne pas perdre cet avantage stratégique et économique qu’est sa souveraineté alimentaire.

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