indépendantistes catalans

Madrid est devenue une fabrique à indépendantistes catalans.

de NHU Bretagne
Publié le Dernière mise à jour le

Les indépendantistes catalans.
Midi. Le métro qui descend de Horta-Guinardo et Gracia vers le centre de Barcelone est bondé. Aujourd’hui, mercredi 8 novembre, il y a grève générale en Catalogne.

Ce matin, les voies rapides qui desservent la capitale catalane sont bloquées. Des manifestants occupent certaines voies ferrées, comme la gare de Girone, la ville dont Carles Puigdemont a été maire avant de devenir président du parlement catalan.

Barcelone, 8 novembre 2017.

A la station de métro Jaume, la moitié des wagons se vide : les manifestants pro-indépendantistes, qui demandent le retrait de l’article 155, ou encore ceux qui dénoncent l’emprisonnement de huit membres du gouvernement catalan et de deux leaders associatifs de l’Assemblée nationale catalane (ANC) et Omnium, tentent de remonter la rue vers la Casa de la Ciutat ( Ajuntament – l’Hôtel de ville) et le Palau de la Generalitat ( le siège du gouvernement catalan).

C’est sur cette place qu’une intersyndicale et le mouvement  » Crida per la démocracia  » (Crier pour la démocratie) ont appelé à se rassembler en milieu de journée.

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La Démocratie bafouée en Catalogne par l’État central.

Une autre manifestation est prévue à 18 h devant la cathédrale.

La place Sant Jaume déborde de partout. La foule se masse dans les ruelles de la ville médiévale, dans le Barri Gotic. Combien sont-ils ? Près de 8 000 personnes, indique la police municipale vers 14 h 30. Parmi les slogans, on entend : « Puigdemont est notre président ». Ou encore « liberté » et « indépendance ». Nombreux sont ceux qui portent l’estelada (le drapeau catalan).

Les prises de paroles demandent la libération des « prisonniers politiques« . Le vice président de l’Assemblée nationale catalane (ANC), Agusti Alcoberro lance : « Aujourd’hui, la Catalogne est en prison ». Tandis que Marcel Mauri, vice président d’Omnium, exige « la fin de la répression » et appelle à poursuivre la mobilisation.

Selon les journaux catalans, la grève a été particulièrement bien suivie dans les écoles et universités. Les communications et transports ont aussi été touchés

De son côté, le ministère de l’Intérieur de Madrid a indiqué que la grève avait été peu suivie, excepté dans l’enseignement. La confédération espagnole du transport a, quant à elle, fait savoir que les pertes se chiffraient en millions pour des milliers de camions de transports internationaux. A la frontière avec la France, le flux de poids lourds a été stoppé.

Lire aussi l’analyse de Ramon FAURA-LLAVARI.

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La foule catalane exige la libération de ses prisonniers politiques

Indépendantistes catalans : début de soirée, vers 18 h.

Des dizaines de milliers de manifestants occupent la place de la cathédrale, les rues adjacentes et la via Laetana. Durant une heure, les prises de paroles pour « une république catalane, démocratique et pacifique », pour la libération « des prisonniers politiques » se succèdent. La foule chante l’Estaca et l’hymne catalan. Femmes et hommes, jeunes, moins jeunes et personnes âgées se côtoient. La revendication catalane traverse toute la société, sans distinction de classe, de genre ou d’âge.

Mais tout le monde n’est d’accord. L’appel pour une journée de grève générale a divisé – même dans le camp indépendantiste.

Était-il nécessaire de mobiliser sur un tel mot d’ordre ?
Comment réussir à maintenir la pression sur Madrid et l’Europe ? Quelles actions mettre en avant pour faire de « la désobéissance civile » mais ne pas baisser le pouvoir d’achat des salariés déjà en difficulté ? Ni se mettre à dos toute la société espagnole !

La crise financière de 2008 a plombé l’Espagne dans son ensemble. Les problèmes économiques des ménages, qui n’ont pas reçu les dividendes de la croissance économique de l’Espagne ( près de 3 % du PIB prévus pour 2017) restent entiers.

Ces derniers jours, dans son émission d’actualités décalées « El Intermedio », le présentateur de télé et humoriste vedette El Gran Wyoming, a dénoncé la manœuvre du gouvernement du Parti Popular ( PP) mené par Mariano Rajoy : l’Etat a ponctionné de l’argent des caisses de retraite pour faire baisser les intérêts de la dette espagnole. Ainsi, il présente mieux sur les marchés financiers.

Mais, qui paiera demain les retraites qui ont servi à désendetter Madrid aujourd’hui ? Surtout si les jeunes s’expatrient pour trouver du travail ?

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Manifestations quotidiennes dans toute la Catalogne

Indépendantistes catalans : la division ?

C’est aussi ce que des militants catalans redoutent alors que depuis mardi soir, dernière heure pour le dépôt des candidatures, on sait que les partis souverainistes n’iront pas ensemble devant les électeurs, le 21 décembre prochain.

Dans un récent sondage du 5 novembre, paru dans le journal La Vanguardia, le centre droit ( PDECat) de Puigdemont n’est crédité que de 14-15 sièges. Tandis que la gauche républicaine de Catalogne (en catalan : Esquerra Republicana de Catalunya, ERC) parti politique indépendantiste catalan, obtiendrait 45-46 sièges sur une assemblée de 135 élus…

Même avec les 7 à 8 sièges que le sondage donne à l’extrême gauche indépendantiste, la CUP, cela ne ferait au minimum que 66 élus. Alors que la majorité s’obtient à 68. Sans compter que cette alliance, si un jour elle se fait, oblige à un grand écart politique du centre droit à l’extrême gauche. C’est le même grand écart que devrait faire les unionistes du PP, de Ciudadanos (Cs) parti de centre-droit opposé au catalanisme, avec le Parti socialiste ( PSC ) s’ils devaient se rassembler contre les indépendantistes.

Mais, le sondage montre bien les indépendantistes à la baisse. Avec, additionnés, 46 % des voix, soit 1, 5 % de moins qu’en septembre 2015. Additionnés aussi, les anti-indépendantistes du PP, Cs et du PSC, feraient 44 %, soit 5 % de plus qu’en 2015. Enfin, ce sondage donne une participation record de 81 % au vote du 21-D.

Lire aussi : La fin des grands ensembles.

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Democracia i llibertat

Il n’empêche.

Au delà des sondages, la mobilisation des nationalistes catalans reste entière ce mercredi soir. Samedi 11 novembre, le mouvement appelle à nouveau à une grande journée de manifestations. Sans doute y aura-t-il des centaines milliers de personnes dans la rue ?

C’est aussi cela que Madrid et Bruxelles doivent entendre : la revendication catalane est populaire, pacifique. Elle se lit aussi dans sa dimension historique. La république catalane a existé dans les années 1930. C’est d’ailleurs aujourd’hui qu’on entend le mieux cette différence historique entre Madrid et ses périphéries.

L’idée de monarchie parlementaire, incarnée par les Bourbons, n’est pas audible au XXIe à Bilbao ou à Barcelone. Quand Madrid envoie ses troupes pour empêcher le référendum du 1 octobre, elle renforce le camp indépendantiste. C’est d’ailleurs un commentaire courant de Catalans pas forcément pro-indépendance : « Depuis que Madrid a cassé le processus d’autonomie à la fin des années 2000, Madrid est devenue une fabrique à indépendantistes catalans. »

Tudal NOGELO.

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