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A ceux qui jouent avec le feu, de Michel URVOY

de Michel URVOY
Publié le Dernière mise à jour le

Pour la première fois, dans l’Histoire, nous assistons simultanément à une crise morale et économique des médias, à un discrédit inédit du politique et à l’exploitation d’une technologie – le numérique – à des fins de destruction.
Cette concomitance, qui fait passer le brouhaha pour du débat, l’insulte pour un argument et le slogan pour de la réflexion, menace nos institutions et surtout notre démocratie.

Les géants du Net …

Pillés par les géants du Net qui siphonnent leurs informations et leurs ressources, affaiblis par la dispersion des recettes publicitaires, malmenés par l’urgence, les médias dits traditionnels s’épuisent quand bien même leur audience globale monte.
Insultés, ridiculisés, empêchés de développer les tenants et aboutissants du moindre projet, les politiques, même s’ils sont largement responsables de leur sort, maîtrisent de moins en moins le temps long de la réflexion aboutie et de la décision acceptée. Pire, il leur arrive de flirter avec ce système diabolique dans l’espoir pour chacun de devenir moins minoritaire que l’autre.

Et les réseaux sociaux.

Les réseaux dits sociaux, en faisant passer une opinion pour la vérité, une rumeur pour un fait, en exhibant au bout d’une fourche trois mots anxiogènes sortis de leur contexte, sont devenus une lessiveuse qui brouille la connaissance et pollue la réflexion.

Le numérique « subi » – à la différence du numérique « choisi », mis au service du savoir et du débat – ajouté à l’info en continu, saoule l’opinion et excite les opinions. Difficile de distinguer le vrai du faux, l’important de l’accessoire, compliqué d’inscrire un élément dans une réflexion cohérente, impossible d’échapper à la dictature des algorithmes qui privilégient ce qui fait du clic et servent in fine les protestataires les plus radicalisés.

La concurrence par le haut.

Rien de nouveau sous le soleil ?
Rien, sauf cette concomitance. Elle signifie que demain, la prolifération de fausses nouvelles, la paupérisation médiatique, l’emballement du débat et la désintégration du politique constituent un mélange qui peut propulser n’importe quel clown dégagiste au pouvoir.
Pour conjurer ce péril, il faut cesser de jouer avec le feu et agir à tous les niveaux.

Le temps journalistique.

Le temps de la formation, de l’enquête, du travail de fond, des nouvelles techniques… doit devenir l’investissement prioritaire des entreprises de presse, à condition d’en avoir les moyens. Il ne s’agit plus seulement de disposer d’un service chargé de chasser « l’infox », il s’agit d’avoir des rédactions entièrement dédiées à cette cause.

Le politique doit reprendre la main.

En changeant ses mœurs, en réformant la structure démocratique du pays, en inventant de nouveaux processus de décision, loin du simplisme qui voudrait que l’on réponde à tout et tout de suite par oui ou par non.

Le lecteur-internaute doit apprendre,

Dès l’école, à identifier la source et le sérieux de l’information, à distinguer les supports respectueux de la loi et de la déontologie, de ceux qui profitent d’une impunité et d’un anonymat que la justice et le législateur semblent impuissants à combattre. Il doit considérer que si l’information fiable n’a pas de prix, elle a un coût.

Il ne s’agit pas d’empêcher qui que ce soit de s’exprimer. Surtout quand une technologie rend la chose plus facile. Il s’agit basiquement d’exiger que les règles économiques (droit d’auteur) , professionnelles et juridiques s’appliquent pour tous. Pour que le numérique, planche de salut des médias, ne devienne pas le fossoyeur des plus sérieux. Pour que la qualité de l’information et du débat démocratique redevienne l’arme de la concurrence.

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