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L’exil des Bretons vers le Canada, de 1504 à 1950.

de Stéphane BROUSSE
Publié le Dernière mise à jour le

Épisode I

Canada et Bretons …
Ce sont principalement des conditions économiques difficiles qui, au XIXe siècle, conduiront  nombre de Bretons à s’exiler au Canada. Donc la colonisation de ce vaste territoire s’effectue en plusieurs étapes.

Il était une fois la Nouvelle France.

Dès le début du XVIe siècle les pêcheurs bretons fréquentent les  bancs de Terre Neuve  pour y pêcher la morue. Puis ce sera l’exploration des rivages du Saint Laurent durant le premier tiers du XVIe siècle. Enfin la fondation de Québec (1608) puis la fondation de Montréal  (1642) marqueront le début de la colonisation de cette Nouvelle France.
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Carte de la Nouvelle France en 1613 par Samuel de Chaplain

En effet, les Bretons fréquentaient les eaux glacées aux environs de Terre Neuve dès le début  du XVe siècle – un document de 1504 l’atteste – pour y pêcher la  morue. Il y aurait eu sur cet archipel au tout début du XVIe siècle une petite cité portuaire nommée Brest dont on n’a pas retrouvé trace. Mais qui est évoquée par Jacques Cartier (1491-1557) comme une zone de mouillage.
Finalement ce n’est qu’en 1535 que le navigateur malouin, au nom du Roi de France François Ier (1515-1547)  prendra possession de ces terres neuves. Les Français en quête de richesses ; épices, or et pierres précieuses, y feront principalement commerce de peaux et de bois. Les premiers contacts avec les amérindiens de la Nation Micmac sont amicaux. Les coureurs des bois parviennent à établir de bonnes relations avec les autochtones.
En octobre 1535, Jacques cartier parvient à Hochelaga, village fortifié se dressant sur une colline cultivée qui sera nommée Mont Royal, futur emplacement de Montréal qui sera fondée en 1642.  La colonie peine à se développer se heurtant aux immensités américaines et aux rigueurs climatiques.

Fondation de Québec au Canada.

Québec sera fondé par Samuel de Champlain (1567 ou 1574 – 1635) en 1608 date à laquelle débute une véritable colonisation.
Les pionniers sont originaires d’Ile de France, de Normandie, du Perche, du Maine, du Poitou, de Vendée et de Bretagne. De 1608 à 1760, 47.000 Français fouleront le sol américain ; 17.000 s’y établissent et 11.000 fonderont une famille. En outre, 2300 sujets revendiquent des origines bretonnes.
Durant cette première moitié du XVIIe siècle Anglais et Français, rivalisent pour s’approprier ces territoires nord-américains. En 1627, Louis XIII et Charles Ier se déclarent officiellement la guerre.
A vrai dire, le conflit européen se répercute jusque sur les rives du Saint Laurent. Puis le 19 juillet 1629 Samuel de Champlain après une lutte acharnée cède Québec aux Anglais. Finalement elle sera restituée le 29 mars 1632 en vertu du Traité de Saint Germain en Laye.
La prise de Québec ayant été réalisée trois mois après la fin des hostilités, elle devient illégale. Puis l’Angleterre doit rétrocéder Québec ainsi que l’Acadie à la couronne de France.
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Jacques Cartier remontant le fleuve Saint Laurent en 1535 – Jean Antoine Théodore Gudin ( 1802 – 1880)

Un premier ministre du Québec.

Cependant la présence française reste menacée par la prospérité démographique et économique des britanniques. Car certains colons, tels Guillaume Couillard (1588 -1663) natif de Saint Servan, œuvrent pour que la colonie française ne disparaisse pas.
Il sera anobli en décembre 1654 «  pour ses belles actions dans le pays de Canada … ».
Ce sera un des premiers colons à s’établir officiellement en Nouvelle France. Il était charpentier-matelot pour la  Compagnie des Cent – associés de Québec. Sa descendance comptera pas moins de dix enfants. Philippe Couillard de l’Espinay descendant de cette ancienne famille deviendra en 2014 Premier Ministre du Québec.
Au XVIIe siècle les Bretons ne constituent pas plus de 10 % des colons qui feront souche au Canada. Ils quittent leur terre natale – souvent à regret – le plus souvent en raison de graves difficultés économiques et parfois pour des motifs  moins avouables.
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Jack KEROUAC en 1965 – Photo Jerry BAUER

Et Jack KEROUAC du Huelgoat.

Entre autres c’est le cas d’un certain François Urbain de Kervouac qui en 1727 quitte Huelgoat pour échapper à la justice.
Car il est accusé entre autre d’escroquerie et de viol.
Puis il poursuivra en Nouvelle France ses turpitudes alternant périodes fastes et périodes miséreuses. François Urbain de Kervouac ne cesse de changer d’identité. Finalement il meurt en 1737 laissant une veuve couverte de dettes et trois enfants.
Ceux-ci auront une descendance nombreuse parmi laquelle Jean Baptiste Kerouac, Québécois immigré aux Etats Unis, dont le fils Léo Kerouac, se marie en 1915 à Gabrielle Lévêque qui donnera naissance au fondateur de la Beat Generation Jack Kerouac (1922-1969) et auteur du fameux récit Sur la Route (1957).
Dans le roman Satori à Paris (1966) Jack Kerouac évoque cette obsession de ses origines bretonnes. Son père n’a cessé durant son enfance et plus tard encore de lui répéter :

Ti Jean souviens-toi que tu es Breton

Puis l’auteur au milieu des années soixante parcourt la Bretagne et s’engage dans une quête alcoolisée de ses origines. Il est convaincu par ailleurs d’être issu d’une famille d’aristocrates et demande à consulter aux Archives Nationales la liste des officiers du  Marquis Louis Joseph de Montcalm, Lieutenant-Général des Armées de Nouvelle France.
En vain ! Jack Kerouac, comme de nombreux émigrés, a une représentation quelque peu mythique de ses ascendants et quelque peu romantique de la vieille Bretagne. Il ne trouvera pas plus en Armorique de traces de ses ancêtres supposés glorieux. Il se voyait descendant d’un Prince de Bretagne un ouvrage récent (2)  a prouvé qu’il n’était que le rejeton d’un scélérat  des Monts d’Arrée !

Bibliographie.

Les Bretons en Amérique française 1504 – 2004, Fournier Marcel, éditions les portes du large de Rennes, pages 510, 2005
Cahiers de Géographie du Québec, quelques aspects de l’immigration bretonne au Canada, Pierre Flatres, Volume 3, N°6, 1959
Jack Kerouac, Breton d’Amérique, Patricia Dagier & Hervé Quémener, éditions Le Télégramme, 2009, pages

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