mygale en Bretagne

Une mygale en Bretagne

de Stéphane BROUSSE
Publié le Dernière mise à jour le

Une mygale en Bretagne ?

La Bretagne compte environ 700 espèces d’araignées (1700 espèces en France métropolitaine et près de 50.000 dans le monde) mais une unique mygale aimablement nommée Mygale à chaussette par le commun, et Atypus affinis (Eichwald – 1830), par les arachnologues. Rassurez-vous, cette araignée en apparence inquiétante n’est ni agressive ni dangereuse pour nous autres humains !

La taille de notre mygale est bien modeste : deux centimètres pour la femelle et 1,5 centimètre pour le mâle. Si monsieur affiche une glabre cuticule brique et noire, madame arbore une robe chitineuse aux teintes moins soutenues. Ce qui caractérise les mygales se sont bien sûr des chélicères hypertrophiées composées de deux parties, les crocs ou crochets précédés de glandes à venin.

La croissance d’Atypus affinis est lente.

La maturité sexuelle sera atteinte pour la femelle à cinq ou six ans et à quatre ou cinq ans pour le mâle. Aux premiers jours de l’automne, monsieur quitte sa chaussette de soie et part en quête d’une accorte femelle. Si le mâle choisit de demeurer auprès de sa dulcinée, il sera dévoré sans plus attendre, après l’acte sexuel ! Cinquante à cent cinquante œufs blancs, contenus dans de petits sacs de soie blanche, arrimés à la partie souterraine de la chaussette seront pondus en juin-juillet. Les naissances n’auront lieu que l’été suivant. Les juvéniles demeureront ainsi dans le giron maternel pas moins d’une année entière. Après une première mue – deux semaines – ceux-ci seront déjà en possession des organes leur permettant de se nourrir et de produire des fils de soie.

La dispersion des jeunes est le plus souvent aérienne.

Ceux-ci se positionnent sur un support en hauteur et produisent plusieurs fils afin de se laisser emporter par le vent. La dispersion cependant peut aussi être terrestre. Il est ainsi fréquent de rencontrer de petites chaussettes à proximité de la grande chaussette maternelle. La durée de vie de notre mygale serait de huit à neuf ans parfois plus de dix ans affirment les arachnologues.

La grande majorité des mygales vit dans les zones tropicales et sub-tropicales. En Europe occidentale, il n’existe pas moins d’une vingtaine d’espèces de mygales réparties en trois familles distinctes dont la famille Atypus comprenant : Atypus muralis, Atypus piceus et Atypus affinitis. Notre Mygale à chaussette n’est pas endémique de Bretagne puisqu’elle est retrouvée un peu partout en France, en Europe, ainsi qu’en Afrique du Nord. Elle apprécie les forêts et les bois, ainsi que les landes et les pelouses sèches.

Les sites à flancs de coteaux aux terrains meubles lui plaisent tout particulièrement. Vous pouvez aussi la retrouver dans certains jardins, pourvu que ceux-ci soient bien exposés, mais pas trop ensoleillés. L’espèce est dite thermophile. Atypus affinis apprécie le confort de ses pénates et se montre très sédentaire. Il est possible de retrouver parfois une dizaine de chaussettes au mètre !

La Mygale à chaussette se montre particulièrement active en période crépusculaire ou nocturne.

Qu’un malheureux insecte pose la patte sur ce piège soyeux et il sera sans autre forme de procès saisi, paralysé, puis dévoré vif. La toile des mygales à chaussette est caractéristique. Elle est constituée d’une partie aérienne de vingt à trente centimètres dévolue à la chasse, et d’une partie souterraine de dix à vingt centimètres constituant le logement et la pouponnière. Ce sont les débris de terre et de végétaux qui donnent un aspect de chaussette à la partie aérienne.

Cette structure est particulièrement difficile à détecter. Les proies (cloportes, coléoptères, fourmis …) qui s’aventurent sur la partie aérienne sont crochetées à travers l’enveloppe, puis introduites dans le conduit de soie et enfin consommées. Le venin, composé de neurotoxines, paralyse dans un premier temps la victime puis elle est dévorée après que ses organes internes ont été liquéfiés grâce à la présence de certaines enzymes. Après le festin, la chaussette de soie sera ravaudée avec soin.
Si le mot mygale issu du grec mugalê désigne la musaraigne ce n’est qu’au XIXe siècle que le mot mygale désignera définitivement une araignée. Notons que longtemps, la musaraigne a été considérée comme venimeuse. En français, le mot musaraigne est issu du latin musaraneus ou souris-araignée.

Références

Photo = © Micha
Araignées de France et d’Europe, Guide Delachaux & Niestlé, J. Robert Michael, Pages 384, Mai 2020
A la découverte des araignées et autres arachnides, Éditions Dunod, Alain Canard & Christine Rollard, Pages 192, Avril 2022
Site de l’Association Française d’Arachnologie : https://asfra.fr/
YouTube: www.youtube.com/watch?v=Dk6cynCR3sE

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