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Le Saumon atlantique est comme nous … il aime la Bretagne !

de Stéphane BROUSSE
Publié le Dernière mise à jour le

Si la présence du Saumon atlantique est une aubaine pour les pêcheurs, elle l’est aussi pour les scientifiques. Également pour les amoureux de la nature bretonne, une immense fierté. Après une, deux ou trois années en Atlantique nord, le noble salmonidé regagne son fleuve natal pour se reproduire. Ce retour aux sources lui sera souvent fatal.

Eog, le saumon de Bretagne : épisode 2.

Me voici – comme mes parents naguère – parvenu au large de Kalaallit Nunaat. Certains camarades poursuivent le voyage jusqu’à Terre Neuve ou au Labrador. Pour nous autres bretons les environs des Iles Féroé constituent sans doute la meilleure place de restauration.  Les proies y sont pléthores et grasses. Mon régime se compose alors surtout de harengs.

Je ne dédaigne pas non plus le minuscule mais abondant et roboratif krill.  Alors je vais  demeurer dans ces eaux trois hivers. Je mesure désormais près d’un mètre et mon poids avoisine les dix kilogrammes.  Par une belle matinée automnale, j’ai été saisi par la nostalgie de ma rivière natale. C’est à nouveau accompagné des miens que j’ai traversé l’océan – plus de 5000 kilomètres – pour regagner les petits fleuves bretons. Ils ont été aisés à retrouver : notre odorat ne nous trompe pas. Certains humains parlent alors de homing ou de retour à la maison.

Retour dans les eaux de Bretagne.

Aux environs des estuaires nous avons cessé de nous nourrir et avons entrepris l’exténuante remontée de nos cours d’eau. Il règne au sein des bancs une agitation frénétique qui tourne bientôt au pugilat entre mâles géniteurs. Les femelles sont à la recherche de frayères : une zone de forts courants, bien oxygénée, de faible profondeur et bien évidemment tapissée de galets ou de graviers homogènes.

Sur ma mâchoire inférieure s’est développé un énorme crochet. Ma peau s’est épaissie et les mouchetures de mon corps se sont élargies et colorées de rose. Je suis un mâle géniteur. Alors je dois combattre pour assurer ma descendance. Puis je me suis placé près d’une accorte femelle. Mon corps tout entier est agité  de tremblements. Celui de ma partenaire trémule aussi.

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Le cycle de vie du Saumon atlantique de Bretagne

Ma gueule s’ouvre.

Tandis qu’elle libère ses œufs, je libère ma laitance. De jeunes blancs becs s’invitent à la cérémonie. Ma femelle s’empresse de recouvrir ses œufs de sables grossiers. Les prédateurs veillent. Sur ces milliers d’œufs seuls quatre saumons parviendront à maturité et reviendront frayer dans les eaux vives de la Laïta.

Après cette exténuante période de reproduction,  nos organismes épuisés dégénèrent à grande vitesse. Si je demeure en cette rivière je meurs. Je ne veux pas mourir.  Je vais attendre dans une fosse, la montée des eaux et suivre les courants jusqu’à l’estuaire puis gagner le vaste océan. Ses eaux salées et sa nourriture riche me procureront sans nul doute une seconde jeunesse. Je reviendrai ainsi dans quelques années visiter ma Laïta natale et me reproduire à nouveau. Et si la chance daigne encore m’accompagner,  un troisième cycle et ultime pourra peut-être s’accomplir.

eog, saumon

Eog en breton, Salmon en anglais et Saumon en français.

Pour aller plus loin …

Retrouvez le premier épisode de la vie d’Eog, le Saumon breton.
Une visite : www.odyssaum.fr
Un site : www.observatoire-poissons-migrateurs-bretagne.fr
Un livre : Le Saumon en Bretagne, des siècles d’histoire et de passion, Pierre Phélipot & Pierre Martin, éditions Skol Vreizh, 2014, 160 pages

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